La femme qui murmure à l’oreille des chevaux

♘امیرحسین♞

♘ مدیریت انجمن اسب ایران ♞
Elle aimait tellement les chevaux que son père l’a emmenée un jour au club hippique. Le coup de foudre ! Aujourd’hui, elle pratique et apprend aux autres comment se tenir en selle.
Arunima, au beau prénom inhabituel, a une passion : les chevaux. Après ses autres amours : son mari, Jay et sa fille, Shelina. Ce petit bout de femme, d’apparence frêle mais qui parle d’une voix qui dément cette première impression, pratique régulièrement l’équitation.

On ne dirait pas, à la voir, que c’est une passionnée. Elle sourit. “C’est pourtant la passion qui permet de réussir”, dit-elle. Le ton est déterminé. C’est peut-être là, le secret de cette jeune femme de 36 ans, native du cancer.

Elle a neuf ans quand elle commence à s’intéresser aux chevaux. “J’étais une fan de Zorro, de l’étalon blanc et des livres sur l’étalon noir. J’étais tellement fascinée par les chevaux que mes parents m’ont emmenée à un concours hippique à Le Chaland. Quand ils ont vu à quel point j’étais intéressée, ils ont décidé de m’inscrire au club hippique.” A l’époque, cependant – c’était il y a plus de 26 ans – le club hippique de Maurice, à Floréal était un cercle très fermé. Mais Arunima a de la “chance” – si on peut l’appeler ainsi – élève au Lycée Labourdonnais, un de ses enseignants la parraine. Toujours est-il que sa demande sera finalement acceptée… un an après !

Elle a dix ans quand elle monte à cheval pour la première fois. Et c’est la bonne – Arunima développe une certaine complicité avec le cheval – il n’y avait pas de poney à l’époque – et chaque samedi, son père l’emmène à Floréal pour qu’elle puisse vivre sa “passion”.

C’était il y a 26 ans. Aujourd’hui, Arunima gère son propre centre équestre à Riambel où elle enseigne l’équitation. Revenue de ses études en gestion à l’université de Paris Dauphine, Arunima intègre l’agence de publicité Cread. C’est son père, qui, en partenariat avec Vino Sooklall, crée l’agence en 1982. En 1993, Arunima s’occupe de la gestion de l’entreprise. Elle y rencontre Jay Bhunjun, qui y travaille alors. C’est le coup de foudre. Mais les défis professionnels sont énormes et Arunima n’a plus le temps “de vivre ma passion des chevaux”. Alors, Jay… lui achète un cheval… qu’elle amène à Riambel où il y a “de l’espace, la plage et un paysage extraordinaire.” Là-bas, elle décide d’initier Jay – qui n’est pas encore son mari à l’époque – à l’équitation “et je lui ai acheté un cheval”. Peut-être pour lui prouver son amour ou alors par envie, Jay s’initie et apprend à aimer les chevaux.

Aujourd’hui, le centre équestre possède cinq chevaux dont Trump qui, selon Arunima, “est très connu des turfistes parce que c’est un champion”. Trump, semble-t-il, était un cheval fougueux à l’époque où il courait toujours. Aujourd’hui “ce enn gato koko, enn cheval câlin !” dit Arunima. Les chevaux changent souvent de comportement quand ils sont à la “retraite” dit la femme qui murmure à l’oreille des chevaux. Ils sont moins stressés et l’on découvre alors leur vraie personnalité.

“J’étais une fan de Zorro,
de l’étalon noir (...) Quand
mes parents ont vu à quel
point j’étais intéressée
par les chevaux, ils ont décidé
de m’inscrire au club hippique.”

Et que pense-t-elle des courses hippiques et de l’effet qu’elles ont sur les chevaux ? Arunima admet ne pas être “une grande fan” mais affirme que “les chevaux aiment courir. Et ils ont un fighting spirit extraordinaire”.

Arunima aussi. Après avoir travaillé pendant neuf ans à Cread, elle décide de prendre la porte de sortie “parce que je voulais d’autres défis. Le défi d’avoir installé Cread parmi les grands avait été atteint et il n’y avait plus grand-chose à faire”. Elle rejoint donc le groupe propriétaire de la filature Mossley Sartel – c’était l’époque du boom du textile – et devient leur “bureau” à Maurice pendant trois ans. Sentant cependant que “des problèmes allaient venir, j’ai pris la porte vite fait !” dit-elle en riant.

Entre-temps, son père a ouvert une boutique, Espace santé et beauté “où l’on vend des produits de beauté très ‘santé’”. Elle s’occupe donc maintenant du marketing.

Mais elle n’a pas oublié sa passion des chevaux. Tous les mercredis et les samedis, Arunima quitte Roche-Brunes, où elle habite et se rend à Riambel pour aller voir ses chevaux, les monter et enseigner l’équitation. Sa fille, Shelina, qui a quatre ans… a été inscrite au centre hippique de Maurice. “Depuis le temps qu’elle demande à monter !” dit la maman, pas peu fière de sa progéniture.

Préfère-t-elle les chevaux aux humains ? demandons-nous en plaisantant. A notre grande surprise, Arunima hésite avant de répondre. “Au moins avec les chevaux, il n’y a pas d’hypocrisie…” Arunima ajoute que la sensation de monter à cheval ne peut être égalée par beaucoup de choses. “C’est un sentiment de liberté extraordinaire. On ne pense à rien, on est en communion avec la nature…”

Et pour la première fois, les yeux de cette jeune femme déterminée, s’adoucissent.​
 

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